Macbeth

D’après William Shakespeare

L’histoire:

Macbeth et Banquo, deux généraux du Roi d’Ecosse Duncan, reviennent du champ de bataille où ils ont remporté une grande victoire. Sur leur chemin, ils rencontrent le Destin (les trois sorcières) qui prédit à Macbeth un avenir royal et à Banquo une descendance royale.

 La pièce nous raconte alors l’accession sanglante de Macbeth au trône, l’assassinat du Roi et des nobles qui lui sont restés fidèles. Macbeth sera efficacement secondé dans ces tâches meurtrières par sa femme, Lady Macbeth, aussi ambitieuse que lui, mais sans doute moins scrupuleuse. Nous assisterons également à la culpabilité qui les ronge, puis à leur folie et à leur destruction.

Macbeth est la pièce dans laquelle Shakespeare fait le plus apparaître les phénomènes surnaturels.

 

“Quel est cet homme ensanglanté?” (acte I, scène 2 )

Cette phrase lance tout de suite le moteur de la pièce : le sang. Tout passe par lui : la vie, mais aussi la mort, bien sûr, la mort violente.

Du début à la fin de la pièce, le sang ne cesse de couler. De meurtre en meurtre, Macbeth se calfeutre dans cet univers et n’en sortira qu’au moment de sa propre mort. Le pouvoir a tout prix, même s’il faut vendre son âme au Diable. Autre mythe...

De quelque côté qu’on se tourne, on s’aperçoit que le crime, individuel ou de masse, est constamment d’actualité. Cela semble être un propos d’une telle banalité qu’on aurait presque tendance à parler de cliché.. Mais de nos jours, on tue “proprement”. D’avion, on ne voit pas les taches de sang. C’est dans la froideur des règles courtoises que l’on tue sans états d’âme.

Cette pièce est une anatomie du Mal. Macbeth est terrifié à l’idée de faire le Mal, mais il l’est davantage à l’idée de ce qu’on pourrait penser de lui ayant fait le Mal. Malgré tout, Macbeth, comme tout meurtrier, reste un personnage humain, comme Lady Macbeth, qui, rongée par la culpabilité et la folie, finira par se donner la mort. Ils nous font nous poser la question récurrente pour tous ceux qui s’intéressent à l’Histoire, proche ou lointaine : et nous, qu’aurions-nous fait à leur place ?

mac01photo.jpg

Notes de mise en scène :

De la lande écossaise aux brumes londoniennes, “Macbeth” traîne sa réputation de pièce maudite. Ainsi, les sorcières, qui se mêlent à l’action dramatique comme le lierre emprisonne un mur, se sont échappées du livre et grimpent jusqu’à nous. Sans elles, “Macbeth” serait une pièce de plus à ranger dans le panthéon des œuvres qui auscultent la fascination que le pouvoir exerce sur l’homme. Certes, Shakespeare approfondit ce thème en mettant à jour, (et plutôt de nuit) l’action de la femme de pouvoir, et lady Macbeth est la mère de toutes ces “first ladies” contemporaines qui travaillent dans l’antichambre de présidents d’époux. Sans les sorcières, nous serions dans Machiavel. Avec elles, bien qu’elles disent le vrai, nous doutons de tout, et leurs regards grimaçants se rient de nos certitudes: Macbeth voit une forêt qui avance et quand, sur scène, nous croyons trouver une image stable et juste, elle s’évanouit l’instant d’après en une pantalonnade ridicule.

Si la terre (macbethienne) a des bulles d’où surgissent ces sorcières, le théâtre a son bouffon, l’esprit des planches, le gardien de l’histoire. C’est lui que nous avons convoqué pour qu’un seul personnage contienne tous les autres; c’est lui qui tisse le fil rouge sang du tartan de Macbeth, antithèse du “Braveheart” hollywoodien.

Au théâtre, nous nous rions souvent des tyrans, ce qui est une façon d’espérer qu’un homme vertueux se lève un jour des ruines de la guerre. En attendant cette improbable aubaine, il est plus raisonnable de croire aux sorcières, même si, comme Macbeth, nous ne voulons pas les entendre.

Pierre Desmaret